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Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale.

Six mois se sont écoulés depuis ma dernière publication sur Éloge de la suite. Ce billet explique en grande partie pourquoi je n’ai pas eu le temps d’en faire plus ! Et si vous vous demandez quel est le lien entre ce qui suit et Laborit, sachez que sa pensée éclairante surgit régulièrement dans les pages de ce bouquin…

À un mois de son envoi chez l’imprimeur, alors que je suis à fond dans la mise en page avec mes allié.es de chez Écosociété, il est peut-être temps de faire le point sur ce livre dont je vous ai parlé dans mon blogue en tenant son « journal de bord » depuis janvier 2022. Je vais donc tenter de vous présenter ce projet un peu fou sous sa plus simple expression d’abord, tout en évoquant tout de même ensuite un peu ses ramifications tentaculaires qui plonge dans la complexité du vivant et des sociétés humaines ! Mais je ne pourrai évidemment pas tout couvrir, l’idée étant de présenter le bouquin qui, lui, plonge en détail dans ce véritable tourbillon. Bouquin dont la date de parution est fixé pour le 1er octobre au Québec (le 25 en Europe) et le lancement déjà booké pour le 3 octobre à Montréal !

Donc d’abord son titre, « Notre cerveau à tous les niveaux », et son sous-titre, « Du Big Bang à la conscience sociale », donnent à penser qu’il y a de la place pour dire une couple d’affaires… 😉  Il s’agit en fait de l’intrication de trois livres: un ouvrage de référence sur le cerveau; une histoire des origines de la pensée; et un journal bord d’une dis­cussion politique où l’enjeu n’est rien d’autre que l’avenir de notre espèce.

C’est le récit le plus à jour possible que j’ai pu faire, scientifiquement parlant, sur ce que signifie, aujourd’hui, « être humain ». Un récit que j’ai tenté de rendre accessible à toute personne curieuse qui a le goût de rentrer dans cette complexité grâce à la forme parlée directe des dialogues entre deux amis. Je ne peux pas encore tout dire sur mon précieux collaborateur, ni des lieux où se sont déroulées nos rencontres, mais cela viendra peu de temps avant la sortie du livre, question d’entretenir un petit suspense jusqu’à la fin…

Si j’essaie maintenant de développer un peu, ce livre part du constat que « le gros bon sens » et « la psychologie populaire » qui circulent depuis des siècles et sous-tendent la façon dont on conçoit notre cerveau, notre raison ou nos émotions, expriment une mécon­naissance profonde de ce que les sciences cognitives contemporaines ont à dire sur ce que nous sommes. Il s’inscrit dans une démarche de « Big History », c’est-à-dire qu’il explore la totalité de l’aventure humaine en s’appuyant sur la science la plus à jour de toutes les disciplines pertinentes, en particulier les neurosciences, domaine où j’œuvre comme vulgarisateur scientifique depuis 25 ans. Au fil de mes rencontres avec mon acolyte, j’espère montrer que ces connaissances sur nos comportements ne sont pas que des découvertes scientifiques fascinantes en soi, mais le prérequis à toute transformation sociale véritablement durable et profonde.

Et ces rencontres, il y en eu une douzaine, dont j’avais présenté le sommaire visuel sur mon blogue en mars dernier. Je m’étais alors contenté de ces images, qui évoquent le cœur de chaque rencontre, parce que les titres de chacune d’elles n’étaient pas encore définitifs. Mais maintenant ils le sont, et je vous en fais donc la liste, suivi pour chacun d’eux d’une seule petite phrase qui tente elle aussi de saisir, ou du moins de compléter, l’idée centrale de chaque rencontre.

1ère Rencontre: Le « connais-toi toi-même » de Socrate à l’heure des sciences cognitives

2e Rencontre:   De la « poussière d’étoile » à la vie : l’évolution qui fait qu’on est ici aujourd’hui 

3e Rencontre:   L’humain découvre la grammaire de base de son système nerveux 

4e Rencontre :  La plasticité neuronale à la base de l’apprentissage et de la mémoire

5e Rencontre:   Des structures cérébrales reliées en réseaux de milliards de neurones 

6e Rencontre :  L’activité dynamique de nos rythmes cérébraux durant l’éveil, le sommeil et le rêve 

7e Rencontre :  Cerveau et corps ne font qu’un : l’origine des émotions 

8e Rencontre : Prédire et simuler le monde pour décider quoi faire

9e Rencontre : Le langage : émergence de mondes symboliques communs et tremplin pour la pensée

10e Rencontre : Rationalisation, motivations inconscientes, et cerveau prédictif

11e Rencontre : Where is my mind ? La personne humaine consciente et ses questions existentielles

12e Rencontre: Cultures et institutions sociales : des vieux mondes dystopiques aux utopies concrètes

À vous maintenant de retourner voir les images du sommaire qui vont sans doute prendre plus « d’épaisseur » à la lumière de ces titres, en attendant la mise en page de ceux-ci qui les associera chaque titre à la bonne image dans le livre !

Et pour continuer d’ajouter une dernière couche au contenu du bouquin, je vous propose de le résumer en 12 phrases, qui ne correspondent pas exactement à chaque rencontre, mais qui en suivent la même logique constructive et évolutive.

Ce livre part d’une question apparemment anodine mais qui nous embarquera pour une grande aventure: d’où nous viennent nos connaissances ?

Car comme on ne peut appréhender le monde qu’avec les sens et le cerveau particulier d’un être humain, il va falloir comprendre d’où vient ce système nerveux en adoptant une approche évolutive qui sera notre guide tout au long de l’ouvrage.

Une approche qui enracine la cognition dans le vivant, dont on ne peut saisir le mode d’organisation qu’en considérant ses nombreux niveaux d’organisation et les propriétés émergentes qui en découlent.

Cet éclairage essentiel sur la pensée humaine permet d’écarter un grand cadre théorique qui a pourtant traversé toute la deuxième moitié du XXe siècle : la métaphore du cerveau-ordinateur qui résout des problèmes grâce à des représentations symboliques du monde manipulées selon des règles.

Ce modèle a montré ses limites qui ont conduit à de nombreux changements de paradigmes qui ont traversé les sciences cognitives depuis deux ou trois décennies. 

La cognition est maintenant vue comme quelque chose d’incarné et de situé, c’est-à-dire comme émergeant d’un corps-cerveau en constante interaction dynamique avec son environnement.

Un cerveau qui n’attend pas passivement ses inputs, mais projette constamment sur le monde les meilleures hypothèses basées sur son expérience mémorisée du monde pour expliquer la nature des fluctuations sensorielles qui lui parvient.

Bref, un cerveau prédictif qui génère constamment de l’activité endogène où même les émotions sont considérées comme des prédictions pour expliquer des affects corporels fondamentaux.

Ces révolutions scientifiques ouvrent la voie à une véritable naturalisation des phénomènes humains où, loin du désuet débat nature / culture, c’est le caractère foncièrement bio-social de l’espèce humaine qui est déchiffré ici étape par étape.

En bout de ligne, ce sont des questions comme le libre arbitre, la responsabilité individuelle ou le mérite personnel qui perdent des plumes au profit d’une reconnaissance du contexte et de l’environnement social comme des facteurs déterminants qui vont tirer l’être humain vers le meilleur ou vers le pire.

À partir de là, le capitalisme global dans lequel baigne le monde échoue lamentablement comme mode d’organisation social favorisant le bien-être et l’émancipation de chaque individu.

L’auto-organisation au sens large, qui est une tendance naturelle derrière la complexification de la matière, apparaît alors la voie alternative à suivre, notamment par la création de communs, l’appellation actuelle de tous les modes d’autogestions qui ont traversé l’humanité sans créer les basculements destructeurs vers lesquels le capitalisme nous entraîne.

En terminant, on m’a demandé combien de temps ça m’a pris pour écrire ce livre. Ça dépend comment on calcule ça. On peut dire 4 ans pratiquement à temps plein pour l’écriture et le travail sur les images plus techniques du livre. Mais comme il est fortement inspiré des séries de cours que je donne un peu partout depuis 2014, on pourrait presque dire aussi que ça fait 10 ans que je l’ai commencé. Et comme ces cours sont le fruit du travail que j’ai commencé avec le site web « Le cerveau à tous les niveaux », en ligne depuis 2002, ben ce livre est peut-être aussi quelque part le fruit de 20 ans de cogitation sur comment fonctionne cette drôle de bibitte qu’on appelle un être humain !

Je vous laisse donc ici, en vous promettant de vous revenir un peu plus tard sur la forme un peu spéciale de l’ouvrage.

2 réflexions sur “Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale.

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