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Le bon plaisir d’Henri Laborit, une émission de France Culture de 1989 (1 de 4)

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Poursuivant mon plan de match pour l’été, je commence aujourd’hui la diffusion de la dernière émission de radio enregistrée par les bons soins de M. Patrice Faubert (et numérisé par les miens!). L’émission s’appelait « Le bon plaisir » et l’on ajoutait ensuite le nom de la personne interviewée (dans ce cas-ci, Le bon plaisir d’Henri Laborit). L’émission fut diffusée entre 1985 et 1999, le samedi après-midi pendant 3 heures et il s’agissait de mettre en avant l’œuvre d’une personnalité du monde de la culture. Plusieurs personnalités y ont ainsi défilé comme Cornelius Castoriadis, Françoise Giroud, Jorge Semprun, etc. , comme on peut le constater en tapant « Le bon plaisir France Culture » dans Google.

L’émission avec Laborit ne semble toutefois pas avoir été mise sur le site de France Culture ou sur YouTube, mais une fiche bibliographique accessible par Internet indique que 3 disques compacts ont été tirés de l’émission  et son disponible dans le pavillon d’une bibliothèque nommé Tolbiac (peut-être à la Sorbonne, selon une recherche rapide…).

Cette fiche nous indique que l’entretien, fait par Marion Thiba et produit par Thierry Pons,  a été diffusée le 4 février 1989. La cassette de M. Faubert indique pour sa part la « nuit du 11 avril 1989 », probablement une rediffusion. Elle indique aussi qu’il manque 10 minutes au début, d’où le commencement abrupte de la partie d’aujourd’hui. Peut-être un jour les retrouvera-t-on grâce aux CD de la bibliothèque de Tolbiac…

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L’enregistrement commence donc alors que Laborit parle du vieillissement et lève le voile sur un grand mystère, concernant sa chevelure, que je vous laisse découvrir !  ;-P  Très vite on se rend compte que l’émission est bien produite, avec des extraits de livres de Laborit ou de Mon oncle d’Amérique,  ainsi que diverses personnalités qui vont venir le rencontrer à son laboratoire de Boucicaut où se déroule l’émission. D’ailleurs un intervenant, qui a dû être nommé dans les dix premières minutes manquantes, note que le bureau de Laborit est « un joyeux foutoir », comme la vie elle-même finalement, ajoute-t-il…

On entend ensuite Laborit réciter un poème, ce qui nous ramène au début de sa vingtaine, alors qu’il lisait beaucoup de poésie. Cela nous ramène aussi à ses études en médecine et Laborit raconte, comme je l’ai fait dans mon film, que pour mémoriser les gros livres de médecine, il pouvait transformer en un seul schéma une quarantaine de pages, ce qui lui permettait de mémoriser le tout beaucoup plus facilement.

On comprend alors, avec l’intervenant suivant, Denis Bourgeois des éditions Grasset, que Laborit est sur le point de publier son autobiographie scientifique, La vie antérieure. D’où sans doute les questions qui suivent sur son enfance et ses origines familiales. Pour montrer un peu la logique derrière sa carrière scientifique qui peut sembler un peu improvisée, Laborit résume rapidement son parcours, notamment sa rencontre marquante avec le chirurgien René Leriche. Ce parcours, également présenté dans mon film, nous fait donc passer de l’anesthésie potentialisée jusqu’à la découverte de la chlorpromazine, première molécule permettant de modifier un comportement en agissant sur le cerveau, dans ce cas-ci calmer les psychotiques en crise. S’ensuit la discussion classique sur l’amélioration des conditions d’existence de ces grands agités autrefois enfermés, mais aussi sur l’apathie sociale que tous les tranquillisants mis au point par la suite ont peut-être amené.

On a ensuite droit à une visite guidée du laboratoire de Boucicaut avec Mme Baron, une collaboratrice de longue date de Laborit. On en apprend sur les soins apportés aux rats de laboratoire, mais aussi sur les gens qui accusent Laborit de cruauté envers les animaux. Laborit réexplique alors qu’il acceptera ces insultes le jours où ces gens refuseront des se faire soigner par toute avancée de la médecine qui n’a pas été développée grâce à la recherche sur les rats et les souris de laboratoire… Du reste, il égratigne au passage ces « amis des bêtes » qui font souvent castrer leur gentil compagnon pour éviter certaines inconvenances sociales !

Bruno Guattari, autre collaborateur de Laborit, explique ensuite que Laborit a élaboré une théorie assez vaste pour que chaque personne dans le labo puisse en explorer différents aspects. Il vante ensuite sa grande capacité de travail, son ouverture et sa prudence. Mais blague aussi sur un certain autoritarisme dont il a été témoin lorsque Laborit est à la barre de son bateau, peut-être un vestige de son rapport de jeunesse avec la marine

Ce premier 36 minutes se termine sur la question du rapport entre les comportements et le cerveau. Laborit rappelle que les behavioristes, et les premiers éthologistes après eux, ne croyaient pas pertinent de s’intéresser à ce qui se passait de un cerveau dont la complexité, dans la première moitié du XXe siècle, les dépassait complètement de toute façon. Mais avec les années ’50, la chlorpromazine, et toutes les découvertes sur les neurotransmetteurs, par exemple, qui sont passés de quelques-uns à des dizaines, on a commencé à se dire qu’il y avait peut-être – et là je complète parce que la dernière phrase de Laborit est coupée à la fin – qu’il y avait peut-être des choses à comprendre là-dedans !  😉

À suivre, donc…

2 réflexions sur “Le bon plaisir d’Henri Laborit, une émission de France Culture de 1989 (1 de 4)

  1. Bonjour, j’ai participé comme assistante image et son dans les années 86/87 je crois à la réalisation d’un documentaire film sur Henri Laborit, produit par une société de production qui à l’époque était dans le 92. pas très précis…malheureusement je n’ai pas encore retrouvé le réalisateur ni le nom exact de la société de production, mes contacts étant perdus ou morts…Mais dès que je le retrouve je vous le dit.

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