Au Québec/Dieu ne joue pas aux dés/Éducation/Niveaux d'organisation

Un dossier consacré à Laborit dans la revue Prospectives de décembre 1987

J’avais dans mes archives personnelles une copie papier de ce dossier consacré à Henri Laborit dans la revue Prospectives de décembre 1987 mais je n’avais pas encore eu le temps de la scanner. Or David Batéjat me signale qu’elle est déjà accessible sur Internet (par l’entremise du Centre de documentation collégial du Québec).

Ce dossier de Prospectives sur Laborit, construit autour d’un entretien avec lui lors de son passage au Québec pour la sortie de Dieu ne joue pas aux dés, comporte plusieurs parties. On y retrouve d’abord une entrevue menée par François Huot, où l’on aborde quelques thèmes chers à Laborit, dont l’éducation, avec quelques extraits de ses livres en encadrés, dont L’agressivité détournée.

Extrait :

« Une idée a guidé toute ma recherche depuis trente ans, celle des niveaux d’organisation. Si on aborde un problème ou un événement, quel qu’il soit, à un seul niveau d’organisation, celui du langage en général pour les sciences humaines, c’est bla, bla, bla. Tandis que si l’on a une grille *, qui envisage ces sciences humaines avec la grille des niveaux d’organisation, on a moins de chances de se tromper.

C’est la méthode qui est importante. On m’a accusé de réductionnisme en disant “Il réduit tout à la biologie”. Ce n’est pas du tout cela; les réductionnistes sont ceux qui réduisent la psychologie au langage, ou la pensée au langage, ou la sociologie à un langage qui décrit les rapports sociaux.

Je suis l’inverse d’un réductionniste: je prends chaque niveau d’organisation et je tente de voir comment il s’emboîte dans celui qui l’englobe et comment les rapports se font entre eux, les structures étant variées et différentes à chaque niveau d’organisation, et comment, de l’atome aux sociétés humaines, il n’y a pas de trou, tout se tient. La sectorisation des disciplines, c’est du réductionnisme. »

Suit un texte du même auteur intitulé « Les trois étages du cerveau » où l’on expose très rapidement les apports de Laborit sur différentes questions (inhibition de l’action, automatismes, langage, imaginaire, conscience, etc.). Le début du texte laisse cependant sous-entendre que la théorie des trois cerveaux est de lui, alors qu’il n’a fait qu’élaborer à partir des travaux de MacLean, travaux largement dépassés aujourd’hui malgré leur contribution initiale indéniable, comme je l’ai expliqué ici.

On retrouve ensuite un petit encadré intitulé « Ces fameux niveaux d’organisation » (qui est en fait un extrait de Dieu ne joue pas aux dés) qui explicite un peu différents niveaux d’organisation, de l’atome à l’organisme entier.

Le dossier se termine par deux extraits plus longs de deux livres de Laborit. D’abord un extrait tiré du chapitre de l’enfance d’Éloge de la fuite et sous-titré ici « Pour une éducation relativiste ».

Extrait :

«Une éducation relativiste ne chercherait pas à éluder la socio-culture, mais la remettrait à sa juste place: celle d’un moyen imparfait, temporaire, de vivre en société. Elle laisserait à l’imagination la possibilité d’en trouver d’autres (…) l’évolution des structures sociales pourrait alors s’accélérer, comme par la combinatoire génétique l’évolution d’une espèce est rendue possible… »

« Alors que le sol vierge de l’enfance pourrait donner naissance à ces paysages diversifiés où faune et flore s’harmonisent spontanément dans un système écologique d’ajustements réciproques, l’adulte se préoccupe essentiellement de sa mise en «culture», en «monoculture », en sillons tout tracés, où jamais le blé ne se mélange à la rhubarbe, le colza à la betterave, mais où les tracteurs et les bétonneuses de l’idéologie dominante ou de son contraire vont figer à jamais l’espace intérieur. »

Ce dossier se termine enfin avec un extrait de Biologie et structure intitulé ici : «Enseignement et niveaux d’organisation». On y retrouve, entres autres, certaines citations que j’avais utilisées dans ma présentation « Pourquoi pas la neurobio pour enfants ? » :

« Il ne s’agit pas d’apprendre le plus de choses possible si l’on ne sait pas comment elles sont reliées entre elles, dans l’espace et le temps, de la géographie à l’histoire, des mathématiques à Victor Hugo. Chaque chose apprise n’a aucun intérêt si elle ne s’inscrit pas dans un cadre plus vaste, par niveaux d’organisations et régulations intermédiaires, aussi bien dans le sens horizontal du présent, que vertical du passé et de l’avenir.

Chaque heure passée, pour un enfant ou un adolescent assis sur un banc d’école, devrait commencer par définir la structure de ce qui va être dit et se terminer par la mise en place de ce qui a été dit dans les structures d’ensemble. »

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