Biographies/L'esprit du grenier/Mort

Une image du manuscrit du récit du naufrage du Siroco écrit par Laborit en 1940

Suite à notre belle victoire collective aux élections municipale de Montréal dimanche dernier portant pour la première fois de son histoire une femme progressiste à la mairie, je reviens avec un autre billet inspiré de l’actualité, en l’occurrence le « Jour du Souvenir » du 11 novembre, donc demain.

Quel est le lien avec Laborit ? La deuxième guerre mondiale, qu’il a faite en tant que chirurgien de la marine française, et où il a failli y laisser sa peau lors du naufrage du Siroco en mai 1940. J’en avais déjà parlé dans ce site à la page du lien précédent où j’écrivais :

« Une mésaventure tragique où plusieurs centaines de personnes ont péri qui est raconté dans un texte émouvant écrit par Laborit lui-même durant le mois qui a suivi le naufrage. Texte ensuite égaré puis retrouvé… 50 ans plus tard ! C’est cette histoire incroyable que Laborit raconte dans L’esprit du grenier dans le chapitre intitulé « Joli mois de mai, quand reviendras-tu ? » dont je retranscrits ici quelques extraits qui vont de la page 103 à 153. »

Je vous propose aujourd’hui une image inédite (ci-dessus et agrandie ici) de la première page du fameux manuscrit de ce récit écrit par Laborit durant le mois qui a suivi ces tristes événements ! Cette image m’a été transmise par David Batéjat suite à l’une de ses visites au fonds Laborit à Paris (encore merci David).

Laborit écrit ceci à propos dans L’esprit du grenier à propos de son écriture de l’époque :

« J’avais alors vingt-cinq ans; je sortais de l’École de santé navale. Mon écriture, sur le papier jauni par les années, me surprit. Je ne la reconnaissais qu’à peine. Une écriture presque enfantine encore. La secrétaire de notre laboratoire, Jeannine Cordon, qui depuis plus de dix ans tape chaque jour les innombrables manuscrits d’articles scientifique ou d’ouvrages que je lui confie, eut de la peine à me lire, alors qu’elle lit fort bien mon écriture d’aujourd’hui. »

À la fin de cette introduction à son récit à la page 100 de L’esprit du grenier, Laborit y va de cette considération générale sur les sentiments guerriers qui perdurent malheureusement encore aujourd’hui :

« Il est vrai qu’à aucun moment par la suite la présence de la mort et l’intensité des combats n’ont révélé pour moi le visage aussi bête et grimaçant de la guerre. Mais pour détester la guerre, pour dire qu’il ne peut y avoir de guerre « juste », est-il donc nécessaire de l’avoir faite et d’avoir eu la chance de ne pas y mourir ? L’expérience sociale nous montre que cela n’est ni nécessaire ni suffisant pour faire disparaître les sentiments guerriers. »

Voilà pourquoi au coquelicot rouge, je préfère le coquelicot blanc, plus englobant car il vise à commémorer l’ensemble des victimes de la guerre (en particulier civiles, et pas seulement les vétérans) et d’inscrire cette commémoration dans notre volonté d’en finir avec la guerre et avec ses faux prétextes.

Laborit l’aurait-il porté si l’initiative avait existé à son époque ? Peut-être, ne serait-ce que par pure provocation, comme il l’avait fait à l’université de Vincennes où il enseignait en se pointant un bon matin avec la médaille de la légion d’honneur qu’il avait reçu après la guerre, mais d’où il était revenu le soir déçu que personne ne l’ait confronté là-dessus…

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